Voilà 18 mois que Perseverance arpente le sol martien, avec à son bord toute une série d'instruments et de matériel expérimental, dont une petite boîte nommée Moxie (pour Mars Oxygen In-Situ Resource Utilization Experiment). L'instrument est certainement passé inaperçu face aux nouvelles découvertes réalisées par le rover martien de la NASA. Son rôle est pourtant crucial pour la préparation d'une potentielle mission habitée sur la planète rouge.
Car si l'absence d'oxygène libre dans l'atmosphère de Mars ne gêne en rien le fonctionnement de Perseverance, ce n'est pas le cas des futurs astronautes, qui auront besoin d'une réserve d'oxygène conséquente pour vivre à la surface de la planète durant plusieurs mois.

Dans cette optique, deux options sont possibles : importer de l'oxygène depuis la Terre, ou produire cet élément directement sur Mars. La première solution étant coûteuse en place et en carburant, les scientifiques du MIT (Massachusetts Institute of Technology) se sont donc penchés sur la deuxième option. C'est ainsi que Moxie a été intégré à Perseverance.
Dès l'atterrissage, le petit instrument s'est donc mis à fonctionner et à fabriquer de l'oxygène à partir de l’atmosphère martienne riche en CO2. Les résultats ont rapidement été très prometteurs. Il restait cependant à tester le fonctionnement du système au cours du temps, mais également dans des conditions atmosphériques très variables.

Moxie est le premier instrument à produire de l’oxygène sur un autre monde. Crédits : NASA, JPL-Caltech
L'atmosphère martienne est en effet soumise à d'importantes variations, en particulier de température et de densité, notamment entre le jour et la nuit mais également entre les différentes saisons. Au cours de l'année, la densité de l'air peut ainsi varier d'un facteur 2 et la température de 100 °C.
Une nouvelle étude, publiée dans Science Advances, fait donc le point sur ces 18 mois de fonctionnement. Et force est de constater que l'opération est plutôt réussie pour Moxie. Lors de chaque test, l'instrument a atteint son objectif de produire six grammes d'oxygène pur par heure, soit l'équivalent de la quantité produite par un petit arbre sur Terre.

Il n'était pourtant pas évident que Moxie arrive à supporter le stress thermique que lui imposait la planète et fonctionne de manière optimale en toutes saisons. L'objectif est désormais de pousser la production d'oxygène à son maximum lors du printemps martien, mais également de tester le fonctionnement de l'appareil à l'aube et au crépuscule, deux moments de la journée où la température change rapidement et de façon notable.
Si les derniers tests s'avèrent concluants, ce système pourrait être envisagé, à bien plus grande échelle et fonctionnant de manière continue, pour produire de l'oxygène en amont de l'arrivée d'une mission habitée. L'objectif serait de produire la même quantité que le feraient plusieurs centaines d'arbres. Cela permettrait non seulement de subvenir aux besoins des astronautes, mais également de remplir des réservoirs en prévision de leur retour du Terre. Source:
futura-sciences.com