Le rover Curiosity vient de souffler sa dixième bougie sur la planète Mars. Et pour l'occasion, il s'apprête à recevoir un joli cadeau : la capacité de se déplacer deux fois plus vite, grâce à une mise à jour logicielle qui a bien failli ne jamais exister.
Prévue depuis quelques années, cette mise à jour a pris beaucoup de retard à cause d'un bug très fâcheux, détecté en 2015 lors d'un test sur Terre sur un rover jumeau de Curiosity. Les chercheurs ne sont pas parvenus à reproduire le code dans les simulations et ont dû travailler sur une nouvelle version plus aboutie jusqu'en 2019.

Crédits : NASA/JPL-Caltech
Les essais de cette nouvelle version ont ensuite duré trois ans, pour ne laisser passer aucune erreur de calcul. Il faudra encore attendre quelques mois pour savoir si ce long travail sera couronné de succès. La mise à jour devrait être déployée début 2023.
Aucune modification ne sera apportée au moteur qui ne gagnera pas en puissance, et sa vitesse maximale restera la même. Ce qui change, c'est le système de navigation, l'un des systèmes les plus importants pour un appareil se trouvant sur une autre planète. Les signaux radio mettent entre 4 et 24 minutes pour parcourir la distance entre la Terre et Mars, ce qui empêche tout pilotage en direct. Le rover doit donc être capable de se déplacer de manière autonome.

Crédits : NASA/JPL-Caltech
Le principal souci est de s'assurer qu'il se trouve bien à l'endroit prévu. Il ne suffit pas de le programmer pour qu'il roule pendant un temps donné à une vitesse donnée, puis de calculer son nouvel emplacement. Ce n'est pas parce que les roues ont tourné que l'appareil a avancé. Il arrive fréquemment qu'elles glissent dans le sable martien, faussant les calculs. En cas d'erreur, Curiosity ne peut pas avoir recours à une constellation de satellites GPS pour s'orienter comme c'est le cas sur Terre.
Le rover utilise une technique appelée odométrie visuelle, qui consiste à prendre des photos de son environnement avant d'avancer sur une courte distance. Ensuite, l'appareil s'arrête, prend de nouvelles photos, les compare aux premières et calcule le déplacement effectif. Il peut ainsi immédiatement corriger toute erreur de positionnement. Toutefois, cette méthode est assez lente puisque l'appareil est fréquemment immobilisé.

Les traces laissées par les roues de Curiosity contiennent les lettres JPL (pour Jet Propulsion Laboratory) en code Morse. Il permet à l’odométrie visuelle de mieux se repérer en l’absence d’éléments identifiables dans son environnement. Crédits: NASA/JPL-Caltech
La mise à jour qui sera envoyée au rover lui permettra d'étudier les photos pendant qu'il avance. Ainsi, il analysera les images de la première section d'un déplacement en effectuant le second. C'est un peu moins précis, mais il gagnera beaucoup de temps. Sa vitesse maximale est de 120 mètres par heure mais, avec le mode d'odométrie visuelle actuel, il ne peut parcourir que 45?mètres en une heure. Avec la mise à jour, les scientifiques espèrent qu'il pourra atteindre 83,2 mètres par heure.
« Étant donné que la vitesse de déplacement devrait être 50 % plus rapide en moyenne, cela laissera plus de puissance et de temps disponibles pour les observations scientifiques, explique Marc Maimone, un des membres de l'équipe de la NASA qui pilote le rover. Un autre avantage est qu'au fur et à mesure que notre mission se poursuit dans sa deuxième décennie, les niveaux d'énergie diminueront lentement et ce nouveau code nous permettra de conduire tout aussi sûrement, même si la recharge des batteries prendra plus de temps ». Source:
futura-sciences.com